Rencontrez Roxanne Martel; Art-thérapeute

Voici l’entrevue avec notre art-thérapeute: Roxanne Martel

 •             Quel est ton nom et ton titre de formation?

Roxanne Martel, M.A., ATPQ, je suis art-thérapeute, membre de l’association des art-thérapeutes du Québec.

•             Quel est le but de ta profession? C’est quoi l’art thérapie, qu’est-ce que ça apporte aux clients?

L’art-thérapie repose sur l’utilisation du processus de création artistique à des fins thérapeutiques. Auprès des enfants, l’art-thérapeute offre des matériaux artistiques appropriés à leurs besoins individuels afin de leur permettre d’exprimer ce qu’ils vivent en plus de favoriser leur développement. L’art-thérapie vise entre autres à résoudre ou améliorer certaines difficultés rencontrées au quotidien, à développer des stratégies d’adaptation et à accroître l’estime de soi. Avec l’art-thérapie, on peut aller travailler des comportements, améliorer la confiance en soi, la gestion des émotions et plus encore! Cela permet aussi souvent de vivre des expériences positives et relaxantes.

•             Qu’est-ce qui t’a attiré vers ton domaine, parle-moi de ton parcours pour y être arrivé là?

Quand j’étais moi-même enfant, je dessinais tout le temps! Ça a toujours été un intérêt et une façon d’être fière de moi. Puis, en vieillissant c’est devenu une source de réconfort et une partie de mon identité. Par contre, j’aimais aussi beaucoup la psychologie et l’humain. En fait, j’ai une curiosité sans limite pour tout ce qui a trait aux relations interpersonnelles. À la fin du secondaire, je me suis inscrite au Cégep en art visuel, et j’ai pris les cours complémentaires nécessaires pour aller faire mon baccalauréat en psychologie! J’avais encore envie de m’améliorer en art, mais je me voyais faire un métier dans lequel je suis avec des gens à tous les jours. Heureusement, pendant ma dernière année de Cégep, j’ai découvert ce qu’était l’art-thérapie et j’ai compris que c’était le domaine qui mélangeait à la perfection tous mes centres d’intérêts. J’ai donc étudié super longtemps à l’université et me voici aujourd’hui, diplômée et en train de faire ma place sur le marché du travail dans une profession hors du commun!

•             Pourquoi avoir choisi ton domaine et surtout pourquoi avec les enfants?

La première chose qu’il faut savoir, c’est que mes deux parents sont des pédagogues; ma mère est éducatrice en CPE et conseillère pédagogique, et mon père est prof au secondaire. En gros, j’ai été élevée avec des valeurs éducatives par des personnes très sociales, et c’est peut-être aussi un peu dans mes gènes. Ça par contre, je ne l’ai pas réalisé tout de suite. Lorsque j’ai commencé mes études, je pensais me diriger vers une clientèle adulte. Heureusement, juste avant de commencer ma maîtrise en art-thérapie, j’ai eu la chance d’être intervenante auprès d’enfants vivant en situation de vulnérabilité. J’ai immédiatement eu un coup de cœur pour ce type de clientèle que j’espérais retrouver après mes études. J’ai réalisé que chaque fois que j’entends parler d’enfants ou d’ados, je me sens en terrain connu!

•             Qu’est-ce qui t’a attiré vers la pédiatrie sociale en communauté ou au CPSC de Lachine?

Ce sont surtout les valeurs inspirantes de la pédiatrie sociale qui m’ont interpellées. Le fait que ce soit communautaire, axé sur l’autonomie des familles et un filet de protection sociale, pour moi ça répond à plusieurs enjeux de société que l’on a au Québec. C’est un modèle à encourager et qui va vers l’évolution sociale, l’entraide, l’empathie. J’ai aussi senti que j’allais être valorisée dans la belle équipe du CPSC de Lachine. Enfin, avec une clientèle variée comme celle du CPSC, ça permet de faire un travail stimulant et de chercher à s’améliorer de jour en jour.  

•             Qu’aimes-tu le plus de ton travail au CPSC de Lachine?

Ce que j’aime le plus dans mon emploi, c’est mes jeunes! Je les trouve drôles, inspirant.es, spontané.es. Je vois un potentiel immense dans chacun et chacune et c’est extrêmement précieux d’avoir la confiance des familles pour soutenir leur développement. En début de séance, ça m’intéresse beaucoup d’évaluer leur réceptivité à l’art. Ensemble, on découvre leurs univers créatifs, on développe le langage non verbal. Après quelques séances j’arrive à mieux comprendre la personne qui est devant moi et j’essaie par la suite d’amener des ateliers qui aident le cheminement dans les sphères visées. Ça me touche aussi beaucoup de les voir persévérer même quand ils ont de la difficulté à se concentrer, trouver leurs propres stratégies, être fiers d’eux, apprendre à nommer leurs émotions, etc. Avec les enfants, on voit le progrès très rapidement.

•             Que fais-tu comme activités au CPSC de Lachine avec les enfants/familles?

Au CPSC de Lachine, je vois en groupe les enfants qui ont des compétences sociales à aller travailler, en individuel les jeunes qui peuvent bénéficier de moments pour soi, et je fonctionne aussi par dyade parents-enfants lorsque le côté accompagnant du parent peut être utilisé à bon escient.

On a la chance d’avoir beaucoup de matériel d’art sur place, je peux donc organiser des activités complètement variées, comme des ateliers de sculpture, de dessin, de peinture, d’assemblage, de collage, on a même déjà fait de la fabuleuse slime en séance!

Les séances peuvent être non dirigées, semi-dirigées ou dirigées par une question spécifique ou un thème en début de séance, mais le but est toujours de favoriser un bel état de créativité chez le ou la client.e.

•             Peux-tu nous donner des exemples de suivis/techniques?

Lors de la première rencontre, je pose souvent une consigne simple comme « fais-moi un dessin qui te représente ». Je note alors la capacité de l’enfant à se projeter dans son dessin, sa préférence de crayon, sa préhension et motricité fine ainsi que son niveau développemental en dessin. Ça me donne beaucoup d’information pertinente pour la suite.

Pour les rencontres de suivi, tout dépend. Avec un enfant très anxieux, je vais choisir des ateliers plus dirigés au début car c’est plus rassurant. Puis, on va tranquillement sortir de la zone de confort et aller faire de la peinture libre, qui est plus fluide et imprévisible. Ça montre une autre façon d’agir, que c’est correct de s’extérioriser. Au contraire, pour un enfant qui a besoin de développer le respect des consignes, je vais proposer des activités qui fonctionnent par étapes. Ce type de contrainte demande de la concentration et de freiner son impulsivité pour pouvoir obtenir le résultat escompté. La slime est un exemple tout simple d’exercice qui fait assez rêver les enfants pour les engager à respecter les étapes. Comme dernier exemple, dans un groupe qui a besoin de développer sa cohésion, on va faire une murale ou une œuvre collective, qui multiplie les occasions d’échanges, de partage et qui permet de voir les différences interpersonnelles.

J’ai partagé ici trois exemples spécifiques, mais il y a bien entendu autant de profil de personnalité qu’il y a d’enfant! À chaque fois, je dois réfléchir à ma motivation derrière un atelier. Parfois on atteint l’objectif, d’autres fois on passe à côté, mais on s’ajuste à chaque séance! C’est important d’honorer les capacités déjà présentes sans tomber dans les attentes irréalistes envers le ou la jeune. Voilà pourquoi le suivi prend quelques mois. 

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